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Questions à Peter Brook – Molière d’honneur et Molière du spectacle musical 2011 – © www.lesmolieres.com
Que représente pour vous ce spectacle, Une flûte enchantée ?
« Notre monde est construit de barrières et de couvercles. Le monde du théâtre est comme un miroir où existent les mêmes blocages. Mais ce qui donne un sens au théâtre c’est sa capacité de soulever les couvercles et de révéler la richesse d’un monde souvent caché par des idées fixes et des préjugés. »
J’ai commencé mon travail à Paris au Théâtre Antoine et à l’Athénée et je n’ai jamais compris ce snobisme artificiel et souvent prétentieux qui divise le théâtre public et le théâtre privé comme s’il y a des lieux privilégiés pour les intellectuels et d’autres lieux plutôt méprisés pour un public vulgaire. Tout cela exprime un des plus vicieux fléaux de notre société, le racisme, qui s’infiltre sournoisement dans toutes les formes. Mais un vrai théâtre vit sans définition et change tout le temps selon les besoins fluctuants du moment. Les Molières sont une occasion de réunir dans la même salle, les formes les plus diverses et de saluer la qualité humaine qui parfois les illumine. Les catégories de Prix ne sont que des outils pratiques. J’étais très content que Une Flûte Enchantée se trouve dans le même lit que Mamma Mia ! et je suis convaincu que Mozart aurait réagi avec un sourire.
Où avez-vous mis votre Molière ?
« On me demande à quel endroit les Molières seront déposés ? Chez moi, il n’y aura jamais de place fixe. Le Prix pour Une Flûte Enchantée aura toujours sa place aux Bouffes du Nord où le producteur, le personnel, l’équipe technique, les artistes, les collaborateurs et le public sont inséparables. Les Bouffes n’est pas un théâtre d’état, ni un théâtre privé – il n’a pas de public fixe, il n’impose aucun style. Il s’adapte.
Un souvenir marquant des 25 dernières années de théâtre ?
Dans notre toute première saison, avec le Festival d’Automne, nous avons présenté, côte à côte, une cérémonie des moines tibétains et une compagnie de rue d’Alger. Les Bouffes, sans problème et sans décor, est devenu un soir, un misérable coin de Casbah et le lendemain, un temple harmonieux et vibrant. Il nous invite à faire pareil. Un vrai théâtre, c’est une aire de jeu. »
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