Mozart en apesanteur
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© Midi Libre – 01/07/2011 – Par Jean-Marie Gavalda / Printemps des comédiens – Photo:DR.
Une flûte enchantée – et non pas la Flûte enchantée – est une version très personnelle, épurée et théâtrale, du célèbre opéra de Mozart. Mais la grâce fragile de cette production tient beaucoup aux conditions de la représentation. A l’Espace des Micocouliers du Printemps des Comédiens, une imbrication de la scène avec de petits gradins crée une intimité précieuse entre public et interprètes.
Dans ce salon de musique champêtre, un piano, une demi-douzaine de chanteurs-acteurs, aux pieds nus, et un décor de bambous entraînent Mozart du côté de Shakespeare. On pense aux sortilèges du Songe d’une nuit d’été, et parfois même à Marivaux.
Allégé de ses lourdes références maçonniques, de son bestiaire fantastique (serpents et diables), de symboles clinquants et de quelques péripéties, le livret devient ici un conte touchant à l’universel, servi avec cette simplicité, ce naturel et cette légèreté qu’affectionne Peter Brook. Peut-être manquait-il un peu sa rigoureuse et légendaire précision. Celle qui fait surgir de jolis intants de poésie comme la traversée du feu par Tamino et Pamina, ou la scène de l’enchantement de Monostatos.
Mais la magie d’Une flûte enchantée c’est aussi et surtout la musique de Mozart réduite à une ligne pure, portée par un merveilleux pianiste et de jeunes voix déjà bien assurées. Ici, ces interprètes enthousiastes ne rivalisent pas de prouesses vocales comme sur un ring lyrique. Ils semblent chanter avec leur âme.
C’est bien une autre Flûte que l’on découvre. Un Mozart tout en nuances et en subtilités, charmeur et ironique. Un Mozart en apesanteur, comme cette Reine de la Nuit dont le morceau de bravoure, une colère maternelle, cette fois sans vrilles ni trilles, est d’une émotion rare.
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