Tierno Bokar, théâtre 2004
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Sotigui Kouyaté as Tierno Bokar in New York in 2005. Photograph: Pascal Victor/AP
D’après Amadou Hampaté Bâ (« Vie et enseignement de Tierno Bokar – Le sage de Bandiagara« )
Une recherche théâtrale de Peter Brook
Adaptation théâtrale Marie-Hélène Estienne
Musique Toshi Tsuchitori, Antonin Stahly
Lumière Philippe Vialatte
Avec Habib Dembélé, Rachid Djaïdani, Djénéba Koné, Sotigui Kouyaté, Bruce Myers, Yoshi Oïda, Abdou Ouologuem, Hélène Patarot, Dorcy Rugamba, Pitcho Womba Konga
Réalisation des costumes Jette Kraghede, abdou Ouologuem
Assistante aux costumes Samya Teboursouki
Régie Générale Florence Stahly
Direction technique Oria Puppo
« Tierno Bokar recherchait la difficulté pour savoir s’il possédait lui-même la patience et l’endurance qu’il enseignait aux autres. Un jour, il a dit: » Je demande à Dieu qu’au moment de ma mort j’ai plus d’ennemis à qui je n’aurai rien fait, que d’amis. » Parole terrible, lorsque l’on songe à la solitude de ses derniers jours. Il a dit aussi : « Personnellement, je ne m’enthousiasme que pour la lutte qui a pour objet de vaincre en nous nos propres défauts. Cette lutte n’a rien à voir, hélas, avec la guerre que se font les fils d’Adam au nom d’un Dieu qu’ils déclarent aimer beaucoup, mais qu’ils aiment mal, puisqu’ils détruisent une partie de son œuvre. » Ces paroles sont sorties d’une modeste case de terre séchée au cœur de l’Afrique noire en 1933.
Qui était Tierno Bokar ? C’est le grand écrivain peul Amadou Hampaté Bâ qui nous a transmis dans son livre, Le sage de Bandiagara, la vie et l’enseignement de son maître, de cet homme humble et extraordinaire. A travers son récit nous entrons dans une Afrique secouée par le colonialisme et les luttes intestines. A partir d’une minuscule désaccord sur le sens du chiffre 11 opposé au chiffre 12, s’installent des conflits impitoyables qui amènent des massacres et créent des martyrs. Ces événements tragiques finissent par lier le petit village africain aux plus hautes décisions politiques de la deuxième guerre mondiale.
Ce thème éclaire plus que jamais une question qui concerne aujourd’hui le monde entier : la violence et l’intolérance.
Le théâtre doit être très proche de nous pour nous concerner et très inattendu pour éveiller notre imagination. Tierno Bokar réunit ces deux conditions. » Peter Brook
« … Je partais avec un trésor, ce trésor était en moi, c’étaient toutes les paroles vivantes que Tierno avait semées en moi comme des graines, elles allaient si bien devenir partie intégrante de mon être qu’aujourd’hui encore, lorsque je parle, il m’arrive de ne plus très bien savoir si c’est moi qui parle ou Tierno à travers moi.
Tout ce que je suis, je lui dois. C’est lui qui m’a « ouvert les yeux », comme on dit dans les initiations africaines, et qui m’a appris à lire le grand livre de la nature, des hommes et de la vie en ramenant toute choses à une Unité primordiale. Je lui dois ma formation, ma manière de penser et de me comporter, et cette « écoute de l’autre » qui est peut-être son plus bel héritage… » Extraits de Oui mon Commandant ! d’Amadou Hampaté Bâ, éditions Actes Sud
Bouffes du Nord, du 26 octobre 2004 au 15 janvier 2005
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